Hier soir, j’ai eu le privilège d’assister à une rencontre de Geoff Eaton, le fondateur Young Adult Cancer Canada (YACC). Il y a plusieurs mois,

par Robin Harry

Hier soir, j’ai eu le privilège d’assister à une rencontre de Geoff Eaton, le fondateur Young Adult Cancer Canada (YACC). Il y a plusieurs mois, alors que je recherchais des gens et des histoires auxquels je pouvais m’identifier, je suis tombée, par un heureux hasard, sur le site web de YACC. On y proposait les témoignages extraordinaires de jeunes adultes atteints du cancer, comme moi, qui avaient survécu à la maladie. J’étais fascinée par eux, et qui plus est, je pouvais m’identifier à eux, trouver de l’encouragement à travers leurs histoires (j’y ai depuis moi soumis mon propre profil). Hier, à Wellspring, la rencontre avec un groupe de jeunes adultes, patients ou survivants du cancer comme moi, s’est avérée une expérience formidable.

L’histoire de Geoff Eaton est l’un des combats contre le cancer les plus ridiculement pénibles que j’aie entendus. On lui a diagnostiqué une leucémie myéloïde aiguë au début de la vingtaine, il a subit de la chimiothérapie, deux transplantations de moelle osseuse, une infection qui a bien failli l’emporter, et une récurrence après deux ans. Incroyable. Il est pourtant toujours parmi nous, un survivant, et a pu fonder une famille. Il a démarré YACC durant ce que j’appellerais un entracte du cancer (entre les récurrences). Il partage son histoire avec d’autres, et leur fait profiter de la sagesse et du nouveau regard sur la vie qu’il a acquis par les épreuves. En plus de son histoire qui est très inspirante, il nous a aussi donné, à moi et à tous ceux qui étaient présents, des pistes de réflexion.

L’un des aspects qu’il a abordés est le conflit entre la peur de la récurrence et la poursuite de rêves et des objectifs de vie. Je n’y avais pas vraiment pensé, mais je pouvais certainement m’y retrouver. J’ai déjà mentionnée, dans un billet précédent, les difficultés qu’éprouvent les jeunes adultes atteints du cancer : la vie est essentiellement mise sur la glace. La plupart des jeunes adultes planifient leur vie, fondent une famille et démarrent leur carrière, achètent une maison, etc. Ils pensent au moment de leur retraite, pas au moment où ils tomberont malades (ou pire encore). Mais en tant que cancéreux ou survivant, peu importe notre âge, notre mortalité nous regarde constamment droit dans les yeux. Même mise de côté, elle revient au galop. À dire vrai, il est difficile de prévoir sa retraite quand on prie de pouvoir se rendre à 50 ans. Il est donc logique pour les cancéreux de ne plus rêver, de ne plus avoir d’aspirations, tout simplement, par crainte de ne jamais pouvoir les réaliser. Sans en être consciente, je me suis aperçue que j’ai arrêté de nourrir de grands rêves. J’ai pratiquement mis toute ambition en suspens, jusqu’à ce que j’aie le feu vert. J’essaie de ne pas penser nouer une relation ou fonder une famille, tant que je ne sais pas si je pourrai en avoir une.

Ce que Geoff tentait toutefois de nous faire comprendre, c’est qu’il vaut la peine d’entretenir des rêves, même s’il s’avère qu’on n’aura pas la chance de les voir se réaliser. La peur de la récurrence (ou dans mon cas, des traitements plus long que ce à quoi je m’attendais), ne devrait pas nous empêcher de viser haut. Vivre durant cinq minutes avec l’espoir de réaliser un rêve est cent fois mieux que de vivre des années sans rêver. Alors bien qu’il soit sage pour un cancéreux de prendre la vie un jour à la fois, il n’y a rien de mal à nourrir des ambitions et des rêves. C’est la philosophie que j’adopte à partir de maintenant.

Alors voici mes rêves : ma carrière d’auxiliaire médicale, mon condo dans la région de York, mes deux chats Mulder et Scully, mon voyage en Amérique du Sud, ma grande amitié avec Nathan Fillion, et mon mari, Zachary Levi (bon, c’est vrai que les deux dernières ne sont pas tout à fait réalistes, mais à titre de « nerd » autoproclamée, tant et aussi longtemps que je rêve grand…)

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