Les changements cognitifs sont l’un des plus grands problèmes auxquels j’ai été confrontée depuis toute cette affaire de lymphome.

par Robin Harry

C’est la chimio et le cerveau
C’est la chimio et le cerveau
J’étais un génie, maintenant je suis folle
Si j’oublie ton nom, c’est à cause du cancer
C’est fou, c’est la chimio et le cerveau, le cerveau, le cerveau…

Les changements cognitifs sont l’un des plus grands problèmes auxquels j’ai été confrontée depuis toute cette affaire de lymphome. J’ai déjà abordé le sujet dans l’un de mes blogues (mon article le plus populaire grâce à la série télévisée d’animation Pinky and the Brain). Cela fait un peu plus d’un an que j’ai terminé mes traitements de chimiothérapie, et même si je sais maintenant comment mettre une lettre à la poste (je ne plaisante pas, il m’a fallu des instructions détaillées pour y parvenir durant mes traitements), mon cerveau est encore un peu dans le brouillard. J’ai beaucoup de mal à me souvenir de certaines conversations, à me rappeler des détails, et ma capacité de faire plus d’une chose à la fois n’est plus ce qu’elle était. Si je perds le fil de ma pensée – c’est terminé, je ne peux plus revenir en arrière. J’ai oublié une foule de choses que je savais auparavant, comme l’intrigue d’un livre, des notions de base en biologie, des acronymes courants. C’est honnêtement très triste et extrêmement frustrant.

Ce phénomène est communément appelé « brouillard du cerveau » ou « cerveau chimio », et un grand nombre de survivants du cancer passent par là. Certains médecins reconnaissent le problème, d’autres refusent d’y croire, ce qui est ridicule, car lorsqu’une femme de 29 ans, diplômée d’une université, ne sait plus comment mettre une lettre à la poste, avouez que ça ne va plus. Comme ce problème est multifactoriel, il est difficile d’en comprendre la cause. La combinaison de médicaments aux effets très toxiques, la fatigue, la dépression, le stress – chacun de ces facteurs peut entraîner des déficiences cognitives, et si vous en faites un joli petit paquet pour un patient atteint de cancer, c’est le bordel.

Plus tôt cette semaine, des scientifiques, réunis lors d’un congrès de radiologie, ont présenté une étude dont les résultats font état de modifications des fonctions cérébrales chez les personnes atteintes du cancer du sein qui subissent des traitements de chimiothérapie. Enfin! ON NOUS DONNE RAISON. Les sceptiques ont-ils été confondus? Nous sommes en quelque sorte complètement déboussolés. Essentiellement, il semble y avoir une activité anormale dans une région du cerveau qui influerait sur la capacité d’accomplir des tâches multiples, de planifier, sur la souplesse mentale et sur l’attention soutenue (si je ne me trompe pas, cette région serait le lobe frontal, n’est-ce pas les neuroscientifiques?). Même si l’étude portait sur des femmes atteintes d’un cancer du sein et que leur chimiothérapie diffère des traitements administrés aux « lymphomaniaques », il s’agit malgré tout d’une merveilleuse découverte.

Ainsi se termine mon article le plus branché à ce jour. J’aime comprendre ce qui se passe, même si cela n’aide pas mon cerveau à mieux fonctionner. Cela fait du bien de savoir qu’on a enfin trouvé des preuves à cet effet. Espérons que ces nouvelles données entraîneront de plus amples recherches dans ce domaine ou, en d’autres termes, que les scientifiques réfléchiront à la même chose que moi.

C’est la chimio, c’est la chimio et le cerveau, le cerveau, le cerveau…Bofff!

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