Mon concert gospel de Noël aura lieu ce week-end. En général, ça ne m’angoisse pas; je suis juste un peu plus excitée qu’en temps normal.

par Robin Harry

Mon concert gospel de Noël aura lieu ce week-end. En général, ça ne m’angoisse pas; je suis juste un peu plus excitée qu’en temps normal. J’aime chanter dans un chœur, et je ne vois rien de mieux qu’interpréter sur scène des chants qui glorifient le Seigneur. C’est l’une de mes activités préférées. Mais pour certaines raisons, je tremble de peur à l’idée d’y participer cette année.

1. Et si j’étais pourrie?
Normalement, je chante plutôt bien. Mais cela fait plus d’un an que je n’ai pas donné de récital avec le groupe. Bien sûr, nous avons TOUS pris une pause durant cette période, mais je suis la seule à avoir eu une intubation trachéale, des traitements de radiothérapie au thorax et du tissu cicatriciel dans la zone du médiastin. Avant et après mes traitements, j’étais par moments incapable de chanter. Je visais le si bémol, mais en vain. Je chante BEAUCOUP mieux maintenant, même s’il y a encore matière à amélioration. Voilà pourquoi j’ai un peu moins confiance en moi. Juste un peu moins…

2. Le cancer ou l’éléphant dans un magasin de porcelaine
Et voici ce qui me rend un peu plus craintive. Aux concerts, il y aura probablement beaucoup de monde que je n’ai pas vu depuis mon cancer ou depuis que je suis devenue chauve et boursoufflée. J’ai très hâte de revoir certaines personnes, par contre je redoute d’en rencontrer d’autres. Je ne sais pas exactement ce que je vais faire ni leur dire. Tous les « comment ça va? », les regards fuyants et maladroits et les pauses où l’on tente de trouver quelque chose à dire à quelqu’un qui a le cancer – je ne peux pas dire que ça me tente vraiment. Mais il est possible que je m’en fasse pour rien, n’est-ce pas?

3. La culpabilité du survivant
Il y a plusieurs années, l’une des membre de la chorale, Stéphanie, est décédée d’un lymphome durant la période de Noël. J’en ai déjà parlé dans mon blogue. Sa vie et sa dignité devant l’adversité ont énormément influencé ma façon d’affronter la maladie. Mais aujourd’hui, surtout à l’approche du concert de Noël, je souffre du syndrome de culpabilité du survivant. J’ai survécu au lymphome, et Stéphanie, non. Elle est morte à 30 ans, l’âge de ma rémission. En écrivant ces lignes, je ne sais pas comment je pourrai regarder sa famille et ses amis dans les yeux sans pouvoir leur expliquer pourquoi il en est ainsi. Je suis terrifiée à l’idée de les rencontrer.

4. Déjà vu
Le dernier concert que nous avons donné était le premier jour de ce qui sera le reste de ma vie. Je sais pourtant que le risque d’avoir des douleurs à la poitrine samedi matin est minime. Vraiment minime. C’est ce que je dois continuer à me répéter. Minime…

Je n’aime pas être anxieuse et j’ai encore plus de réticence à admettre mes craintes. Surtout ce type de craintes. Mais peut-être que d’en parler me soulagera. Le problème des peurs irrationnelles, c’est qu’elles sont irrationnelles. Je pourrais évoquer une dizaine de bonnes raisons de ne pas m’en faire. Je finirai par me débarrasser de toutes ces petites craintes, car je refuse de laisser la peur et l’anxiété m’empêcher de faire ce qui doit être fait. D’ailleurs, Dieu n’a pas mis en moi « l’esprit de peur »; il m’a donné « l’esprit de force, d’amour et de sagesse ». C’est ce dont il est question dans nos chants. Il est peut-être grand temps que je me mette à y croire.

Je vous raconterai ce qui s’est passé…

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