Avec l’arrivée de mai cette année, je me surprends à attendre avec impatience plusieurs anniversaires, et je me demande si les autres cancéreux et survivants du cancer le font aussi.

par Robin Harry

Avec l’arrivée de mai cette année, je me surprends à attendre avec impatience plusieurs anniversaires, et je me demande si les autres cancéreux et survivants du cancer le font aussi. « Un an depuis (insérer ici un événement relié au cancer) ». Anniversaire me semble par contre un mot plutôt mal choisi. Ce mot évoque les célébrations, la réussite. Bien que j’en sois certainement à passer en revue cette période révolue, je ne sens pas vraiment que je puisse la célébrer. « C’est aujourd’hui l’anniversaire d’un an de ma péricardite!! Youppi!! » Décidément, ça ne va pas. Il doit certainement y avoir un mot qui résume mieux l’observance annuelle de la suite de mes évènements malheureux…

En tout cas, ce billet est en quelque sorte un retour en arrière, puisque je ne crois pas avoir déjà raconté les histoires suivantes. Au point où on est rendu, je ferais aussi bien de nommer l’occasion…

Anniversaire 1 (l’anniversaire Advil). Le concert annuel de ma chorale devait avoir lieu dimanche dernier. Il y a un an, jour pour jour, je me suis réveillée avec une douleur à la poitrine, et de la difficulté à respirer. Je me rappelle avoir clavardé avec ma directrice de chorale à ce propos; elle m’a demandé si j’étais nerveuse (je devais chanter une chanson en trio) et moi, je me suis demandé si c’était une blessure due à un exercice. Peu importe, ce que c’était s’est dissipé avec une Advil, grâce à laquelle j’ai chanté de tout cœur à la gloire de Dieu de dimanche soir là. Le matin précédant ce concert marque le premier moment où j’ai ressenti la douleur qui m’a menée à travers toutes ces épreuves.

Anniversaire 2 (l’anniversaire de la douleur). Ce vendredi marquera le premier anniversaire de ma longue fin de semaine de douleur, la douleur thoracique que j’ai bêtement ignorée pendant trois jours. Je suis allée à ma répétition de chorale ce soir-là, et une fois rendue, je me sentais très bien. Au fur et à mesure que progressait la soirée, j’ai commencé à ressentir la douleur de nouveau, et vers la fin de la répétition, je peinais à respirer. La douleur était aiguë; elle émanait du centre de mon thorax vers mon cou, et jusqu’à mon menton (sans mentir, mon menton élançait), et dans mon épaule droite. Je me rappelle avoir quitté la répétition pour aller prendre appui sur un mur du corridor, tentant de me calmer pour faire disparaître la douleur, et pouvoir respirer de nouveau. Je me souviens qu’une amie m’a trouvée en pleurs dans l’une des salles d’entreposage au moment de ranger la salle. J’ai repris une Advil ce soir-là (et suis allée manger du thaï après la répétition), j’ai chanté dans une maison de retraite avec la chorale le lendemain, avec une poitrine aussi tendue qu’une robe fourreau à la Kardashian, et suis restée à la maison toute la journée dimanche, avant d’aller finalement voir le médecin lundi. Ce qui m’amène à…

Anniversaire 3 (l‘anniversaire de la péricardite). Ça fera un an lundi prochain qu’on m’a diagnostiqué une péricardite aiguë dans le cabinet de médecin. Durant le rendez-vous, pendant lequel je souffrais atrocement, le (très beau) médecin résident a demandé à ce que je passe un électrocardiogramme pour vérifier l’état de mon cœur, et une radiographie thoracique pour écarter l’embolie pulmonaire. L’électrocardiogramme a révélé que je souffrais d’une péricardite, et la radio devait être revue environ une semaine plus tard…

Je constate rétrospectivement que j’ai gagné en sagesse. Je repense à cette chanson que j’ai interprétée avec mes amies, et je suis convaincue que je la chanterais de façon très différente si j’avais la chance de le faire encore. Bien que trois jours n’aient sans doute pas eu un effet décisif sur la fin de l’histoire, j’aurais probablement été diagnostiquée plus tôt si je m’étais rendue à la foutue salle d’urgence (sérieusement, à part à éviter les longues heures d’attente, à quoi au monde ai-je pensé??). J’ai donc décidé de faire de ces « anniversaires » des moments de réflexion, des moments où je prends pleinement conscience de l’aventure qui a débuté il y a près d’un an.

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